À la fin de l’année dernière, j’ai eu l’occasion de visiter le centre italien de détention de migrants de Gjadër, à environ une heure de route de Tirana, la capitale albanaise. Au milieu de bâtiments vides et déjà délabrés, j’ai pu constater de visu à quel point notre future politique migratoire européenne pourrait être mal orientée et hostile. Il ne s’agit pas d’un exemple isolé : en septembre, le gouvernement néerlandais a présenté à la Commission européenne une demande de dérogation aux règles de l’UE en matière d’immigration. Un mois plus tard, la Pologne a annoncé une suspension territoriale temporaire du droit d’asile. À l’heure actuelle, les gouvernements nationaux font pression en faveur de ce que l’on appelle les « centres de retour ». L’objectif est d’externaliser les difficultés que nous rencontrons en dehors de l’Europe et de les confier à des autocrates.

C’est exactement le contraire de ce que Volt défend au Parlement européen : l’Europe doit se mettre au diapason. Nous devons résoudre les difficultés auxquelles nous sommes confrontés au lieu de les externaliser. Pour ce faire, nous devons faire preuve de solidarité au sein de l’Europe. Nous devons partager les responsabilités et répartissons les demandeurs d’asile de manière égale en Europe, nous créer des politiques d’intégration plus fortes afin que les réfugiés fassent partie de nos sociétés. À l’heure où les droits humains sont discrédités des deux côtés de l’Atlantique, Volt Europa continuera à défendre ces valeurs dans ses politiques, comme le fait ce Livre blanc.

Cécile Richard & Adrien Copros, Co-Présidents de Volt France

Le récit français sur la question des migrations a trop longtemps été l’apanage de mouvements politiques opposés à la notion même de France comme terre d’accueil : l’immigration serait coûteuse pour nos finances publiques, dangereuse pour nos villes, menaçante pour nos valeurs et notre culture.

Il appartient aujourd’hui à d’autres forces, proeuropéennes, progressistes, ouvertes sur le monde, de construire un nouveau narratif sur cet enjeu public, de présenter une politique migratoire ouverte comme une solution à de nombreuses difficultés, tout en reconnaissant les dysfonctionnements et les imperfections actuelles. Alors que des centaines de personnes sont secourues chaque année dans la Manche, que Mayotte gère avec difficulté les flux migratoires venus des Comores et que les bouleversements en Syrie ont suscité des replis instantanés sur le Vieux Continent, le présent Livre blanc contribuera à cet effort de renouvellement

Sven Franck, Initiateur du Livre blanc

Après qu’ils aient dominé les agendas politiques pendant plus d’une décennie, il est temps de lever le stigmate de l’immigration. L’immigration a toujours existé et existera toujours. L’immigration a été une bénédiction, favorisant la croissance économique et la prospérité en Europe depuis des décennies. Mais elle a aussi été un défi – car, du multiculturalisme aux Pays-Bas à l’incapacité de l’Allemagne à offrir une perspective aux immigrants dont elle a pourtant cruellement besoin, nous n’avons pas encore trouvé la clé de l’intégration.

De nombreux pays européens souhaitent se définir historiquement par l’ethnicité plutôt que par la citoyenneté, faisant de l’immigration un bouc émissaire commode, tout comme l’Union européenne, pour détourner l’attention des problèmes souvent causés par de mauvaises politiques nationales. En tant que citoyens, nous devons aussi dénoncer les mouvements politiques qui pointent du doigt le fantasme d’une « Bruxelles » toute puissante. Nous avons pour devoir de montrer la voie et de rappeler à nos gouvernements nationaux que nous ne « maîtrisons » l’immigration qu’en la gérant ensemble, à l’échelle
européenne, en tenant compte à la fois des besoins et des réticences des États membres.