La Zugspitze : là où la politique migratoire de l'UE est déterminée dans un cercle exclusif

Sommet sur la migration à la Zugspitze : une politique symbolique à huis clos ne remplace pas une politique migratoire européenne équitable et solidaire.

24 juil. 2025
Bâtiments au sommet de la Zugspitze

Le ministre de l'Intérieur allemand Dobrindt a rencontré le 18 juillet 2025 ses homologues français, polonais, autrichien, danois et tchèque à la Zugspitze, avec un objectif : la réorganisation de la politique migratoire européenne.

Dès le matin, lors de la conférence de presse estivale, le Chancelier de l'Allemagne Friedrich Merz a clairement indiqué que pour le gouvernement fédéral, la politique migratoire de l'UE était une question de limitation et de rejet. Avec des mesures telles que la restriction du regroupement familial et le ralentissement des naturalisations, le gouvernement fédéral rend l'intégration des migrants de plus en plus difficile. Cette politique creuse un fossé supplémentaire entre les personnes en quête de protection et leurs perspectives d'avenir en Europe.

Ce sommet continue de saper les valeurs européennes fondamentales et les normes en matière de droits humains. Au lieu de considérer la migration comme une réalité et une opportunité, la déclaration de la Zugspitze a surtout un effet : elle suscite la peur d'une prétendue menace et passe à côté des solutions.

La Zugspitze, symbole de la rencontre internationale, devient aujourd'hui le lieu d'une politique déconnectée de la réalité : alors que, dans l'air raréfié du sommet, on décide d'un renforcement des mesures d'isolement, le 'Sommet sur l'asile' confirme la ligne dure du gouvernement fédéral, des expulsions vers l'Afghanistan aux contrôles aux frontières intra-européennes. Où sont la coopération et la responsabilité européennes ?

Il faut un système d'asile équitable qui place les droits humains et la protection au centre, et non des accords douteux avec des pays tiers au détriment des réfugiés.

Alast Mojtahed Najafi, président fédéral de Volt Allemagne.

Ce dont il s'agissait réellement : les cinq points centraux de la déclaration de la Zugspitze :

Un : « Préparer la réforme migratoire pour l'avenir »
La déclaration mise sur des procédures plus efficaces, une sécurité renforcée aux frontières, un financement européen accru et une solution pour les pays tiers qui prévoit que les personnes concernées soient expulsées vers de nouveaux « pays sûrs », même si elles n'ont aucun lien personnel avec le pays en question.

  • Volt soutient des procédures efficaces et rapides. C'est la seule façon d'offrir des perspectives d'avenir aux personnes concernées. Cependant, l'efficacité ne doit pas se faire au détriment des droits de l'homme. Les types de pays tiers choisis, la restriction de l'accès à l'aide juridique et le report des procédures privent les personnes concernées de leur protection.

Deux : « Intensifier les mesures contre le trafic d'êtres humains et la traite des êtres humains »
L'UE doit lutter de manière plus coordonnée contre le trafic d'êtres humains et la traite des êtres humains : un échange de données plus important et une coopération policière internationale renforcée, y compris avec les pays tiers, doivent permettre de lutter contre les réseaux de passeurs. L'accent est mis sur la prévention et la poursuite des flux financiers illégaux des passeurs.

  • Volt affirme que la traite des êtres humains et les activités des passeurs doivent être combattues, mais pas par la criminalisation générale de la migration. Il faut renforcer les voies d'entrée légales et sûres et les alternatives humanitaires réelles afin que les personnes puissent bénéficier d'une protection et de perspectives d'avenir.

Trois : « Mettre en œuvre les retours de manière cohérente »
Les expulsions vers des pays en crise tels que l'Afghanistan et la Syrie doivent être rendues possibles (ce que le gouvernement fédéral a déjà mis en œuvre). Une politique de visas, de commerce et de développement favorable doit inciter les pays tiers à coopérer.

  • Pour Volt, les expulsions vers des pays en guerre ou en crise, tels que l'Afghanistan et la Syrie, sont incompatibles avec le droit international ! Les incitations en matière de visas et de commerce utilisées comme moyen de pression ne sont que de pures façades. Elles sont contraires à une politique étrangère européenne fondée sur des valeurs et portent atteinte aux droits et à la protection des personnes concernées.

Quatre : « Protéger les frontières extérieures de l'Union européenne »
L'UE doit miser sur une surveillance accrue, la collecte de données et la sécurisation des frontières extérieures. Les mouvements migratoires, en particulier en provenance de Biélorussie et de Russie, sont présentés comme une menace.

  • Volt le dit clairement : la protection des frontières et la sécurité européenne sont importantes. Mais elles ne doivent jamais servir de justification à des refoulements et à des actions contraires au droit international au détriment des personnes en quête de protection. 

Cinq : « Établir des partenariats stratégiques avec des pays tiers » La coopération avec les pays d'origine et de transit doit être approfondie afin que les expulsions puissent également avoir lieu vers des pays tiers jusqu'ici non autorisés. La règle selon laquelle les personnes concernées ne peuvent être expulsées que vers des pays avec lesquels elles ont un lien personnel doit être supprimée.

  • Volt souligne qu'une politique migratoire fondée sur des valeurs implique d'assumer la responsabilité des personnes en quête de protection. L'UE ne doit pas se décharger de cette responsabilité sur des régimes autoritaires dans lesquels la protection des droits humains ne peut être garantie. La protection et la dignité humaine ont toujours la priorité.

Notre conclusion

Une politique migratoire européenne véritablement solidaire ne peut être mise en œuvre en excluant 21 États membres de l'UE. La déclaration de la Zugspitze issue de la réunion relève davantage d'une mise en scène politique symbolique sur le dos des personnes en détresse que d'une realpolitik. Elle n'apporte pas de réponses viables et réalistes aux questions de migration, de fuite et d'asile, ni ne tient compte des causes climatiques de la fuite, pourtant urgentes. Compte tenu de l'augmentation des risques climatiques à l'échelle mondiale, il est irresponsable d'ignorer cette évolution sur le plan politique.

Nous n'avons pas besoin d'une politique d'isolement. Nous avons besoin d'une politique responsable. Une politique qui prend au sérieux les valeurs européennes et offre aux personnes en détresse la possibilité de faire partie de l'Europe. Dans un monde globalisé, nous avons besoin d'une coopération entre égaux, et non de nouvelles frontières.

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