La réponse de Volt à la déclaration d'Emmanuel Macron à la Sorbonne
Le discours d'Emmanuel Macron sur la défense européenne à la Sorbonne était pertinent à plusieurs égards, mais le bilan du gouvernement et de Renaissance reste maigre. Volt France regrette vivement le temps perdu ces cinq dernières années, et appelle à l’établissement d’une authentique politique de défense européenne.
L’absence de dynamique européenne dans le domaine de la défense se constate particulièrement au niveau franco-allemand. Dès 2018, les ministres allemand et français de la Défense de l'époque, Ursula von der Leyen et Florence Parly, avaient signé une première déclaration d'intention sur une coopération accrue, suivie d'un accord-cadre en 2020. En 2024, leurs successeurs, Boris Pistorius et Sébastien Lecornu, ont signé une nouvelle déclaration sur l’établissement de chars modernes destinés à remplacer les chars Leclerc français et les Leopard allemands. Ce "Système principal de combat terrestre", qui devrait être opérationnel d'ici 2040 et connecté à d'autres armements, soulève des doutes quant à sa réalisation effective en raison des querelles européennes entre différents fabricants d'armes et des intérêts individuels des pays, y compris les tractations contractuelles.
La coopération en matière a beau être le point central du second discours d'Emmanuel Macron à la Sorbonne, on ne peut que douter de la capacité du gouvernement à concrétiser ces ambitions à la lumière de ces difficultés déjà rencontrées. Il ne s'agit pas seulement de nouveaux grands discours et de déclarations d'intention unilatérales. Le Parlement européen, trop souvent contourné, peut incarner la voix de cette ambition. La démocratie repose sur des assemblées et des votes, et non sur les opinions isolées des présidents et des discussions en coulisses. Il est peu probable que le groupe parlementaire Renew lance une nouvelle dynamique, au lieu de répéter docilement les positions d'Emmanuel Macron. Nous avons besoin que les mesures soient débattues au Parlement et non à la Sorbonne.
De par sa nature paneuropéenne, Volt appelle à une révision fondamentale de l’Europe de la défense, et notamment à la réalisation d’un poste de Commissaire à la défense. Ce dernier s’appuierait sur une direction générale de l’armement capable de piloter une politique commune pour standardiser l’offre à la manière d’un catalogue d’armes et offrir une vision prospective commune pour le développement des matériels. Nous appelons également à ce que soient développées les commandes groupées afin que les industriels puissent produire en grande série, avoir davantage de visibilité sur leurs marchés et réduire leurs coûts. Selon le Parlement européen, l'Europe pourrait ainsi économiser des milliards d'euros par an.
De telles économies permettraient de maintenir les budgets sociaux sans compromettre la défense de notre continent. Avec une population européenne vieillissante et des difficultés de recrutement dans nos armées, il devient impératif pour l'Europe de se positionner de manière plus ferme et efficace, mais également d'européaniser son industrie de défense tout en rapprochant ses forces armées. À terme, nous souhaitons voir la mise en place d’un véritable ministère de la défense de l'UE, à même de répondre convenablement aux besoins d'une union de défense commune.
Si nous voulons une politique de défense européenne, nous avons besoin de renforcer la gouvernance européenne. Il faut mettre fin aux arrangements nationaux et mettre en place une scène publique européenne où naissent nos idées et nos visions, où elles sont débattues, décidées et mises en œuvre. Sinon, les efforts nationaux nous coûteront cher, et pas seulement financièrement.