Mercosur : une avancée, de la vigilance et une leçon européenne pour la France

Volt se satisfait de l’avancée majeure d’un important dossier commercial et géopolitique, mais reste vigilant quant à ses angles morts et à sa mise en œuvre concrète.

21 janv. 2025

Le 6 décembre dernier à Montevideo, l'Union européenne, par la voix d’Ursula von der Leyen, a annoncé avoir achevé les négociations en vue d'un accord de partenariat novateur avec le Mercosur. Cette annonce finalise un long processus entamé avec les pays d’Amérique latine faisant partie de cette zone de libre-échange. Volt salue l’avancée majeure d’un important dossier commercial et géopolitique qui permet à l’Europe de s’affirmer davantage comme acteur sur la scène mondiale. 

Avec cet accord, de nombreux secteurs de l’économie européenne voient les barrières commerciales d’un marché de 300 millions de personnes largement abaissées. La France en sera elle aussi largement bénéficiaire, à travers l’ouverture pour le secteur des services et la reconnaissance de plus de 350 indications géographiques (vins et fromages notamment). L’Europe assure également par là son accès aux matières premières indispensables à la transition écologique et numérique. L’UE est aujourd’hui confrontée à l’agressivité de régimes autoritaires comme la Russie ou la Chine et à l’isolationnisme des Etats-Unis : cet accord lui permet de resserrer ses liens avec un autre pôle de pays démocratiques, à même d’être notre allié sur de nombreux sujets, de la défense de la démocratie et de l’état de droit, jusqu’à l’agenda climatique.

Nous nous réjouissons en particulier de l’ajout de clauses sur l’environnement depuis la dernière version de 2019. L’inclusion du respect de l’accord de Paris dans le traité est un signal positif, afin notamment de protéger des zones cruciales dans le contexte du réchauffement climatique, comme la forêt amazonienne ou la savane du Cerrado. Mais s’il est possible de suspendre l’accord en cas de sortie d’un pays de l’accord de Paris ou s’il cesse d’être de « bonne foi », aucun critère précis n’est défini. De plus, des études alertent sur une potentielle accélération de la déforestation due aux importations de produits à risque, alors que la régulation européenne en la matière ne couvre pas tous les produits concernés et ne s’étend pas au Cerrado. Volt sera donc attentif à ce que les responsables politiques européens se saisissent de ces clauses environnementales pour réellement pousser les pays du Mercosur à respecter leurs engagements.

Quant à la crainte d’une submersion par les produits agricoles venus d’Amérique latine, elle est exagérée. En effet, l’existence de plafonds d’exportation et la nécessité pour ces produits de respecter les règles phytosanitaires de l’UE excluent ainsi des pratiques comme les OGM ou le traitement de la viande aux hormones. Certains marchés spécifiques, comme le bœuf, peuvent néanmoins être déstabilisés malgré un faible volume. De même, il est nécessaire d’assurer la traçabilité des produits pour répondre à nos normes sanitaires. De même que pour  la composante environnementale, les outils pour pallier les quelques effets négatifs du traité ont été préparés par l’UE. Nous espérons donc qu’ils seront effectivement mis en oeuvre  pour remplir leur fonction. Nos eurodéputés seront des soutiens vigilants de l’accord dans son application lorsqu’il sera soumis au Parlement européen.

Volt salue la prise en main du dossier par Ursula von der Leyen, affirmant par là un véritable leadership politique européen. Nous regrettons cependant que la présidente de la Commission européenne ait annoncé cet accord au débotté, juste après la chute du gouvernement Barnier en France. Que ce calendrier soit intentionnel ou une pure coïncidence, cette temporalité ne peut que renforcer la sensation d’un passage en force et diminuer la confiance envers l’UE. 

Ne nous y trompons pas : la France est la première responsable de cette situation. Comment pouvons-nous paniquer comme si nous découvrions la teneur du traité après presque 25 ans de négociations ? À force de prétendre à un leadership européen sans consulter les autres États membres ni bâtir de compromis acceptables pour ces derniers, notre isolement diplomatique en Europe ne devrait pas être une surprise. Volt appelle donc les responsables français à revoir leurs relations avec nos partenaires européens afin de ne pas s’exposer à de nouvelles déconvenues.

Retrouvez nos propositions

L'agriculture régénératrice et une révision en profondeur de la PAC.