A propos de l'affaire Pélicot, Volt appelle les femmes à s'engager partout!
Entre la barbarie la plus primaire avec l’immolation par le feu de l'athlète ougandaise Rebecca Cheptegei et la perversité la plus sophistiquée des viols perpétrés sur Mme Pélicot, il y a un point commun, les violences faites aux femmes par leur conjoint ou partenaire de vie – et la complicité des autres hommes.
A noter que pas un des hommes qui ont renoncé à profiter de l’offre de Pélicot ne l'a dénoncé aux autorités.
Il y a certes les violences institutionnelles faites aux femmes partout dans le monde. Qu’il s’agisse de l’Iran, de l’Inde ou de l’Afghanistan, celles-ci sont documentées. En la matière, notre pouvoir est bien faible, tout au plus les États peuvent-ils décider d’accorder des visas plus facilement aux femmes fuyant ces pays et promouvoir une diplomatie féministe.
Mais en France, comment peut-on tolérer qu’entre 120 et 150 femmes soient tuées chaque année – les chiffres réels pourraient être bien supérieurs –, et qu’il y ait environ 50000 cas de viols par an sur des femmes entre 20 et 59 ans selon l’enquête nationale sur les violences envers les femmes (Nommer et compter les violences envers les femmes) ?
Des lois et des dispositions de protection pour les femmes menacées existent pourtant, mais leur application semble manquer considérablement de conviction et de rigueur. Est-ce parce que les lois et leur application sont majoritairement de la compétence des hommes, du fait de la disparité entre le nombre d'hommes et femmes à tous les niveaux de la politique et des services publics ?
Depuis 1992, de très nombreuses lois à portée symbolique ont été votées : suppression du dépôt de plainte préalable, procédures d’urgence, retrait de l’autorité parentale et mesures d’éloignement contre le conjoint violent, élargissement des conditions du port du bracelet électronique à cet effet et protection du droit au logement de la victime.
La loi du 30 juillet 2020 prévoit la suspension du droit de visite et d'hébergement de l'enfant mineur au parent violent, l’inscription automatique au fichier judiciaire des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes pour les infractions les plus graves, la décharge des ascendants, descendants, frères ou sœurs de personnes condamnées de leur obligation alimentaire, et la levée du secret médical, pour protéger les femmes sous influence.
Pourtant ces dispositions semblent n'avoir que très peu d’effet sur les statistiques...
Pour les enquêteurs, "ces violences constituent la manifestation la plus aiguë de l’inégalité hommes-femmes". La déclaration des Nations Unies les lie explicitement à la domination des hommes et à la subordination des femmes.
Le philosophe Pierre Bourdieu considère que les violences faites aux femmes “la violence physique, la contrainte, la coercition et l’intimidation” dans la vie quotidienne, ne seraient pas explicables sans une culture de la domination masculine héritée d’une vision du monde enracinée dans l’histoire et acceptée comme telle par les femmes.
Il devient alors difficile d’espérer changer les choses par la loi, sans que les femmes elles mêmes cessent d’accepter implicitement la “violence douce” des usages, de se contenter du rôle qui leur a été assigné depuis des temps immémoriaux, et qui n’ont plus de raisons d'être à l'ère du progrès technologique qui rend de moins en moins nécessaire l’usage de la force physique dans la vie personnelle et professionnelle.
La loi française permet aujourd’hui aux femmes d’exercer le métier qu’elle veulent, d'être indépendantes financièrement et juridiquement, de contrôler leur choix de maternité, d’exercer des responsabilités politiques, à nous, à elles de ne pas laisser ces avancées s'éroder par manque de candidatures à tous les niveaux de responsabilité, pour que ces lois soient appliquées effectivement.
Ne pas laisser la violence douce continuer son travail de sape de ces libertés chèrement acquises à l'arrière des guerres et dans les moments de crise où les femmes ont révélé leur immense courage, leur volonté, leur résistance, leur sens de la communauté, bientôt mises sous le boisseau de la paix revenue, avec les jouets de la consommation et de la frivolité.
Loin de nous l'idée de rendre les femmes victimes de violences responsables de leur sort à titre individuel, mais ce n'est pas l'empilement des lois censées les protéger qui fera reculer ces sinistres statistiques, c'est la prévention, par une protection efficace avant le drame, c'est l'application effective et rigoureuse des moyens prévus par la loi et des punitions exemplaires appliquées. Et cela est de la responsabilité collective des femmes
Cela ne peux se faire que s'il y a , à tous les niveaux de responsabilité de la vie publique, au moins autant de femmes que d'hommes, et que celles ci sont en mesure de résister à la "violence douce" de leurs collègues masculins.
Gageons que si elles sont plus nombreuses, elles sauront y faire face.
Nous ne sommes ni le pays le plus défavorisé d’Europe, ni le plus développé en ce qui concerne l’égalité hommes/femmes, mais à l'échelle mondiale, quelles disparités !
En attendant, toute l'organisation de Volt est basée sur la parité hommes/femmes, à tous les niveaux de responsabilité et dans tous les chapitres nationaux.