Un siècle de lutte des femmes pour le droit de vote en France
La lutte des femmes pour l'égalité est immémoriale. De l'antiquité à la révolution, des femmes se sont insurgées contre leur condition de minorité imposée par les différents pouvoirs. Il n'est besoin que de rappeler le mot d'Olympe de Gouges "la femme a le droit de monter à l'échafaud, elle doit avoir celui de monter à la tribune"
A l'occasion des 80 ans de l'accession des femmes au droit de vote et à l'éligibilité en France, mesurons ensemble le chemin parcouru depuis plus d'un siècle.
Le 21 avril 1944 les femmes françaises obtenaient le droit de vote et l'éligibilité, mais il ne faudrait pas penser que ce fut un cadeau tombé du ciel !
En effet, c’est l’aboutissement de plus d’un siècle de revendications féministes:
Tout commence en 1832 en Angleterre, avec les suffragettes, qui par une lutte acharnée, parfois violente, obtiendront gain de cause partiellement en 1918 puis totalement en 1938 avec le droit de vote au même âge que les hommes;
Et se poursuit en France à partir de la fin de la guerre de 14-18, avec des manifestations obstinées et des revendications officielles devant le parlement, en 1922, 1925, 1929, 1935 et 1936.
A chaque fois, les votes positifs des députés ont été rejetés par le sénat. Pour mémoire, les hommes avaient obtenu ces droits en 1848.
Des figures comme Julie Siegfried, qui crée le Conseil National des Femmes Françaises en 1922, et comme Louise Weiss, vont s’imposer à la tête des suffragettes françaises, on en compte 350 000 en 1927.
En 1934, Louise Weiss crée un mouvement et une revue qui met en lumière l'inégalité entre les droits des femmes et ceux des hommes : "La Femme nouvelle". Son sous-titre est explicite : "Association pour l'égalité des droits entre Français et Françaises."
La seconde guerre mondiale donnera encore une fois l’occasion aux femmes de s’illustrer à l'arrière et dans la Résistance, c’est du moins ce que diront les manuels scolaires pour expliquer la reconnaissance officielle de leur droit à l'égalité, ne serait-ce que politique.
C’est réduire l’aboutissement de leur lutte séculaire et acharnée contre les préjugés à une récompense pour bons et loyaux services…
Un petit saut dans le passé qui donne le vertige, quelle montagne de préjugés les femmes ont elles dû surmonter !
Nous sommes disposés à accorder aux femmes tout ce que leur sexe a le droit de demander, mais en dehors de la politique (...). Donner le droit de vote aux femmes, c'est l'aventure, le saut dans l'inconnu, et nous avons le devoir de ne pas nous précipiter dans cette aventure.
Ayons le courage de rester nous-mêmes. Nous avons remonté d'autres courants que le féminisme. Nous avons remonté le courant du boulangisme, le courant du nationalisme et toutes les fois que la République a été en péril c'est le Sénat qui l'a sauvée.
Armand Calmel Sénat, séance du 5 juillet 1932, p. 1104-1105.
La conquête de la citoyenneté politique des femmes, Assemblée nationale