Un discours de politique générale décevant sur l’Europe, le climat et l’immigration
Le Premier ministre Michel Barnier a présenté hier les grandes orientations de son gouvernement. Après les déclarations alarmantes du ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, Volt prend acte du retour à une rhétorique apaisée et de la recherche d’une nouvelle méthode de gouvernement fondée sur le compromis. Nous sommes néanmoins très inquiets face à des annonces décevantes sur le climat, à un manque d’ambition sur l’intégration européenne et à une vision étriquée de la politique migratoire.
Volt exprime une satisfaction vigilante envers le souhait apparent du Premier ministre de mettre en place une nouvelle méthode de gouvernement basée sur l’écoute, le respect, la recherche du compromis et la référence aux meilleures pratiques d’autres pays d’Europe, dont la quasi-totalité est gouvernée par des coalitions multipartites. Nous resterons très attentifs à plusieurs mesures annoncées qui sont pour nous un préalable à la nécessaire rénovation de notre démocratie : l’engagement pris d’explorer l’introduction de la proportionnelle dans les élections, un meilleur partage de l’ordre du jour des assemblées entre gouvernement et parlement, et un plus grand temps consacré aux débats et concertations.
Par ailleurs, nous accueillons favorablement plusieurs annonces, comme une nouvelle mission de concertation et de dialogue en Nouvelle-Calédonie, un effort d’assainissement des finances publiques qui ne se résume pas à une réduction aveugle des dépenses publiques, le rappel salutaire fait par le Premier Ministre de la valeur capitale de l’État de droit, en réponse aux propos irresponsables de son ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau.
Nous regrettons en revanche l’absence totale de la dimension européenne du discours de Michel Barnier, au-delà d’un vague appel à « prendre soin » de l’Europe. L’intégration européenne et le fédéralisme ne sont pas un frein à l’action de nos gouvernements, mais un impératif absolu pour répondre efficacement à l’urgence climatique, aux défis migratoires, aux attentes de toutes les personnes qui résident en France sur leur pouvoir d’achat, leurs lieux de vie et leur environnement.
Le Premier Ministre a déçu sur deux autres enjeux capitaux. Les annonces en matière environnementale se sont réduites à des priorités générales – économie circulaire, décarbonation de l’industrie, rénovation énergétique – tout en s’abstenant du moindre engagement ambitieux envers une agriculture durable ou une refondation des mobilités. Les déclarations sur l’immigration se sont limitées à saluer le Pacte européen sur l’asile et les migrations – auquel nous nous sommes opposés – et à avancer des mesures paramétriques, comme la prolongation de la rétention exceptionnelle des personnes en situation irrégulière. Nous dénonçons également l’annonce d’un durcissement des contrôles aux frontières nationales de la France, une mesure inopérante, inefficace et de nature à fragmenter l’Union.