The Economist : Les politiques étrangères alarmantes de l'extrême droite et de l'extrême gauche françaises
The Economist rend compte des positions respectives du Rassemblement national et de LFI en matière de politique étrangère , de leurs déclarations officielles et de leurs intentions sous jacentes, de manière vraiment transparente.
Si le tableau ainsi dressé peut inquiéter, il met aussi en évidence les faiblesses de notre constitution à l'épreuve d'une situation inédite. Et le moment n'est pas vraiment choisi pour en discuter et y remédier en toute sérénité démocratique.
Nous proposons ici quelques extraits de l'article très éclairant sur la période critique que vit notre pays à la suite de la décision inattendue du président Macron de provoquer des élections législatives dans le contexte d’une montée spectaculaire des partis d'extrême droite en France et dans quelques pays d’Europe.
Cette décision “pourrait plonger la France dans une période d'incertitude, voire de turbulences, qui pourrait remettre en question (ses) engagements.”
Le périodique pointe les risques d’affaiblissement de la position française dans “les affaires diplomatiques”, face à un gouvernement eurosceptique ou otanosceptique, composé de partis ayant des liens historiques avec la Russie, reprenant une citation du Monde sur les conclusions d’un groupe de 170 diplomates anonymes : "Nos adversaires liront la victoire de l'extrême droite comme un affaiblissement de la France et une invitation à l'ingérence dans notre politique nationale, à l'agression contre l'Europe, y compris sur le plan militaire".
Car si les protagonistes du parti d'extrême droite ont tempéré depuis un certain temps leurs positions radicales sur une sortie de l’euro ou un Frexit, ou la sortie du commandement militaire de l’OTAN, leurs liens avec la Russie par exemple sont encore visibles au point que certains observateurs ont parfois l’impression que les dirigeants du parti lisent un “script moscovite” : participation à la surveillance des élections, approbation du référendum concernant l’annexion de la Crimée, hostilité à l'adhésion de l’Ukraine à l’UE et à L'OTAN.
De son côté, l'alliance de gauche (semble) bien plus solide dans son soutien à l'Ukraine, malgré les liens historiques avec la Russie de certains de ses partis membres. Leur pacte électoral soutient explicitement les livraisons d'armes à l'Ukraine, la saisie des biens des oligarques russes et la responsabilité de Vladimir Poutine devant les tribunaux internationaux.
Il élude cependant la question du lien de la France avec l'OTAN, source de divisions internes. En 2022, Jean-Luc Mélenchon, l'ancien trotskiste dont le parti domine l'alliance, a appelé la France à quitter l'OTAN, qu'il a qualifiée d'"organisation inutile", alors qu'il était candidat à l'élection présidentielle”.
Alors, bien qu’en vertu de la constitution française de la cinquième république,
c’est le président qui est le commandant en chef des forces armées, qui préside les conseils de défense nationale et qui peut déployer les forces françaises à l'étranger et le gouvernement (qui) est responsable des affaires intérieures”, en cas d’absence de majorité de droite ou de gauche à l'issue du 2ème tour , l'impasse législative et l'instabilité politique peuvent empêcher le gouvernement de prendre des décisions en matière de politique étrangère.
Car selon les déclarations de M. Heisbourg de la Fondation pour la recherche stratégique
Les pouvoirs constitutionnels du président en matière de politique étrangère sont plus limités qu'on ne le pense.
Qui conduit The Economist à conclure :
Si les électeurs français reconduisent un gouvernement majoritaire dominé par l'un ou l'autre des deux extrêmes, le pays pourrait connaître un bras de fer compliqué entre les deux exécutifs.
Dans le meilleur des cas, cette situation sera source de confusion, tant pour les alliés que pour les Français.
Dans le pire des cas, la position diplomatique de la France à l'étranger s'en trouvera sérieusement affaiblie, de même que l'OTAN elle-même”
Reste à espérer que les électeurs français se montreront responsables en refusant ce jeu de roulette russe qui leur est proposé, une fois passé le mouvement d’humeur exprimé lors de élections européennes.
Volt Europa a également publié un article sur le sujet de son point de vue :
Élections anticipées en France : L'Europe est sur le scrutin