Soulèvements de la Terre: une dissolution à contresens

Volt France exprime son désaccord avec la dissolution des Soulèvements de la Terre et réaffirme son attachement aux libertés publiques. L'activisme climatique, y compris la désobéissance civile, est un moyen légitime de rappeler l'urgence des enjeux environnementaux et de promouvoir des lois fortes et des investissements dans les technologies vertes pour faire face aux conséquences du changement climatique.

22 juin 2023

Face aux tensions et défis de notre époque, au premier plan desquels figure le changement climatique, la liberté peut-elle passer au second plan?

Ce mercredi en Conseil des ministres, le ministre de l’Intérieur a annoncé la dissolution du mouvement des Soulèvements de la Terre. En prenant cette décision, le gouvernement cherche à envoyer un double signal : de réassurance à destination d'une partie des agriculteurs, de fermeté vis-à-vis d'une partie des mouvements écologistes, dont certains activistes s'engagent dans des actions radicales de désobéissance civile.

Bref, notre gouvernement veut gérer les tensions et sa réponse passe par la répression et la restriction des libertés publiques. Ce n'est évidemment pas une bonne nouvelle, et c'est inquiétant pour notre avenir en France et en Europe. Partout sur le continent européen, les tensions sociales et les conflits d'usage sur les ressources, et notamment l'eau, se multiplient en raison de l'aggravation des conséquences du changement climatique et le renforcement de la prise de conscience citoyenne. Le contraste entre ces forces opposées est évident dans toute l'Europe.

Volt n’est pas d’accord avec toutes les actions et revendications des Soulèvements de la Terre, par exemple en ce qui concerne la ligne Lyon-Turin ou ce qui a trait aux dégradations de biens agricoles ou industriels, mais nous réaffirmons notre attachement aux libertés publiques et notre conviction de la nécessité de protéger ces dernières.

La liberté d’association est un principe fondamental reconnu par les lois de la République, et la désobéissance civile ne devrait jamais être en soi un motif de dissolution.

Contrairement à ce que M. Darmanin a affirmé, ce mouvement ne met pas “en danger la sécurité publique”, il cherche à porter l’attention publique sur la gestion de l'eau dans notre contexte de bouleversement climatique. Les militants des Soulèvements, comme ceux de Dernière Rénovation ou de Letzte Generation veulent nous rappeler que l’on ne peut pas éternellement mettre la poussière sous le tapis. 

La désobéissance civile est un moyen d’action légitime en démocratie.

Ceux qui la pratiquent revendiquent la non-violence et sont en général conscients des conséquences éventuelles. Rappelons nous les fauchages d'OGM ou bien plus récemment les "décrocheurs" de portraits d'Emmanuel Macron. Si des affrontements ont suivi les récentes manifestations à Sainte-Soline, de nombreux témoignages ont rapporté la présence pacifique d'une majorité de participants. Et la question de la stratégie de maintien de l'ordre est posée. Nous condamnons les récentes dégradations de biens et de propriétés privées ou publiques qui peuvent cependant, et doivent, d'abord être portées devant la justice. Sans être naïfs, la réponse ne relève donc pas de la dissolution, ni de l'action anti-terroriste.

À l'heure où le Secrétaire général des Nations-Unies en appelle à une "révolution" pour le Climat, à quelques jours du Sommet à Paris consacré à un « Nouveau pacte financier mondial » pour atteindre les objectifs de développement durable et tenir les engagements de l'accord de Paris, Monsieur Darmanin, à contresens, organise l’interpellation de militants écologistes par la sous-direction antiterroriste et propose la dissolution des Soulèvements de la Terre en s’appuyant sur les motifs de dissolution ajoutés au code de sécurité intérieure dans sa loi contre le « séparatisme », en août 2021. 

L'activisme climatique ne suffira pas à tout régler. Nous avons besoin de lois fortes qui protègent notre planète ainsi que  des investissements dans les technologies vertes  pour l'avenir.

Mais sans l'activisme, y compris les actions de désobéissance civile, il nous faut reconnaître que le changement ne sera pas assez rapide pour faire face à l'élévation du niveau des mers et à la flambée des températures.

Sources

  • Domani - Radicali o moderati? Per il clima serve una rivoluzione generale, Janvier 2023 (lien)

  • TFI - Pourquoi dissoudre les Soulèvements de la Terre n'est pas si simple?, Juin 2023 (lien)

  • Volt Europa - Fil de discussion Twitter, Juin 2023 (lien)

  • Radio France - Transition climatique : “Il faut une révolution” souligne António Guterres, invité spécial de France Inter, Juin 2023 (lien)

  • Le Monde - Les questions juridiques que pose la dissolution des Soulèvements de la Terre, Avril 2023 (lien)

  • Volt Europa - Les manifestations fonctionnent : L'activisme climatique en est la clé, Avril 2023 (lien)