Plus de deux mois de guerre : l'UE doit enfin parler d'une seule voix
La catastrophe humanitaire actuelle à Gaza est inacceptable et doit cesser.
Après deux mois et demi de guerre entre le Hamas et Israël, la bande de Gaza est en grande partie détruite. Ce qui a commencé par l'horreur de l'attaque terroriste du Hamas contre Israël s'est transformé en une catastrophe humanitaire indicible pour la population civile de Gaza. Cherchant désespérément à se mettre à l'abri des frappes aériennes israéliennes incessantes et d'une offensive terrestre épuisante, 1,9 million des 2,2 millions de civils ont été contraints de fuir leurs maisons. Le système de santé s'est effondré et ne peut plus répondre aux besoins de la population. Les abris sont surpeuplés et insalubres. Les témoignages de familles affamées sont nombreux et déchirants. Des milliers et des milliers de Palestiniens ont été tués dans les combats en cours, ne laissant personne en sécurité, qu'il s'agisse d'enfants, de membres de la presse ou de personnel médical. La situation dans l'ensemble de la région commence à s'effondrer : à la frontière libanaise, les échanges de tirs répétés entre le Hezbollah et les forces israéliennes ont entraîné le déplacement de dizaines de milliers de civils israéliens et libanais. Des troubles, provoqués par des colons militants, se sont emparés de la rive ouest, faisant plus de 250 morts parmi les Palestiniens et plongeant les communautés palestiniennes dans la peur. La mer Rouge est menacée de devenir impraticable en raison des attaques injustifiables des rebelles houthis contre les porte-conteneurs.
La trêve humanitaire qui a débuté le 24 novembre était une lueur d'espoir. Cependant, elle n'a duré qu'une petite semaine, avec de graves conséquences pour les civils palestiniens, dont le nombre de morts est estimé à plus de 20 000, et pour les quelque 129 otages toujours détenus par le Hamas, ainsi que leurs familles. La catastrophe humanitaire actuelle à Gaza est inacceptable et doit cesser.
Nous appelons tous les acteurs à changer de voie. Le Hamas doit libérer tous les otages sans condition. Les obstacles à l'acheminement de l'aide doivent être réduits au minimum et le droit international humanitaire doit être respecté à tout moment. À cet égard, nous nous félicitons de l'adoption de la résolution de l'ONU le 22 décembre, qui constitue un premier pas de la communauté internationale vers la sauvegarde et la facilitation de l'aide humanitaire. Toutefois, nous aurions souhaité un engagement plus fort en faveur d'une suspension au moins temporaire des hostilités, étant donné que l'intensité des combats en cours est le principal obstacle à l'acheminement d'une aide suffisante. Par conséquent, des pauses humanitaires complètes et fréquentes, ou un cessez-le-feu immédiat et substantiel pour permettre l'ouverture d'un dialogue politique, sont nécessaires, sans quoi les perspectives sont sombres.
Nous pensons que les actions de la communauté internationale sont essentielles pour créer un environnement dans lequel, même en cas de conflit violent, le droit international est respecté et une solution pacifique est probable. L'UE, avec ses réactions caractérisées par l'indécision, les divisions internes et l'absence d'une stratégie cohérente, ne parvient pas actuellement à favoriser un tel environnement. À maintes reprises, les États membres de l'UE sont pris au piège de leurs propres récits nationaux sur le conflit israélo-palestinien au sens large, comme le montre l'historique des votes au sein de l'assemblée des Nations unies, où les voix européennes sont partagées. Paradoxalement, c'est justement cette diversité de récits à travers l'Europe qui devrait permettre de contribuer à une vision politique reflétant les besoins et les souhaits justifiés des Israéliens et des Palestiniens.
L'UE, construite sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale pour assurer la paix sur un continent déchiré par la guerre, doit agir dans ce sens. L'UE doit utiliser tous les instruments diplomatiques et politiques disponibles pour soutenir les intérêts légitimes des Israéliens et des Palestiniens. L'UE doit continuer à soutenir l'objectif d'éliminer durablement le Hamas, en travaillant avec une grande intensité pour interrompre le flux de ressources financières et matérielles vers l'organisation terroriste et ses alliés. L'UE doit également soutenir et refléter les plans proposés par les États-Unis pour sanctionner les colons israéliens responsables d'attaques violentes contre les Palestiniens en Cisjordanie. En outre, l'UE doit soutenir toutes les actions qui renforcent les chances de voir deux États israélien et palestinien coexister pacifiquement. Nous saluons donc la décision de la Commission européenne de fournir une aide financière directe de 118 millions d'euros à l'Autorité palestinienne pour le paiement des salaires et des pensions des fonctionnaires ainsi que des allocations sociales pour les familles dans le besoin. Enfin, l'UE doit s'opposer aux déclarations répugnantes des principaux représentants du gouvernement israélien qui privent ouvertement les Palestiniens de leur droit à l'autodétermination.
Dans un monde en proie à une instabilité croissante, où des conflits violents menacent la vie de millions de civils innocents à travers le monde, l'UE a la responsabilité morale et politique de montrer son engagement en faveur d'un monde fondé sur des règles. Une vie dans la dignité ne doit pas seulement être un rêve lointain, mais un droit humain inviolable.
Roza Ismailai
Responsable des relations publiques Volt Europa