Le Monde – Les élections européennes, "une vitrine médiatique pour les petites listes"

Aucun parrainage n’étant nécessaire pour participer au scrutin du 9 juin, plusieurs petites formations veulent en profiter pour faire valoir leurs idées ou leurs causes. 08/05/2024 par Alexis Gonzalez.

13 mai 2024

Vitrine médiatique

C’est une occasion en or de faire parler d’eux. Derrière les têtes d’affiche des grands partis, qui mobilisent l’attention médiatique, une flopée de mouvements, parfois inconnus du grand public, tentent de se faire une place dans la campagne des élections européennes du 9 juin. Alors que trente-quatre listes avaient participé au précédent scrutin, en 2019, une trentaine est cette fois attendue. Leur nombre exact sera connu à l’issue de la période de leur dépôt auprès du ministère de l’intérieur, qui s’étale du 6 au 17 mai.

Les modalités d’inscription aux européennes rendent ces élections particulièrement attractives pour les "petits partis". Car contrairement à d’autres scrutins – comme l’élection présidentielle, par exemple, où les candidats doivent recueillir 500 signatures d’élus –, aucun parrainage n’est nécessaire. Selon Rémi Lefebvre, professeur en sciences politiques à l’université de Lille, cela permet d’offrir " une vitrine médiatique ".

Défi budgétaire

Alors pour être pris plus au sérieux, certaines formations sont tentées de procéder à des alliances. C’est la stratégie pour laquelle Volt – parti paneuropéen pragmatique, progressiste et fédéraliste (NDLR) – a opté en s’alliant avec le Parti radical de gauche, en France, pour le scrutin du 9 juin. Choisir une alliance de circonstance ou garder son identité en se lançant en solo ?

Reste un obstacle de taille : l’argent nécessaire pour mener campagne. En se lançant seuls dans la bataille, ces partis ne sont pas certains de pouvoir bénéficier de financement public. Certes, une fois leur inscription devenue officielle, ils pourront compter sur le soutien de l’Etat pour la réalisation de leur clip de campagne et la diffusion de leurs programmes, via les plates-formes officielles en ligne. Mais entre la propagande électorale, les déplacements et les bulletins de vote – l’impression est à la charge de chaque liste –, le coût des élections européennes demeure considérable.

En France, où il faut atteindre le seuil minimum de 5 % pour obtenir un siège au Parlement européen, les électeurs peuvent être tentés d’éviter les candidats les moins en vue. En 2019,19,7% des suffrages avaient été exprimés en faveur de listes qui n’avaient pas réussi à dépasser ce seuil. Des suffrages qui n’avaient ainsi pas pesé sur l’élection des 79 eurodéputés français (sur 705 au total), soit 4,5 millions de bulletins glissés « pour rien » dans les urnes. [En Allemagne] il n’est pas nécessaire de réaliser un score minimal pour remporter un siège à Strasbourg.

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