La « pause réglementaire climatique » d’Emmanuel Macron, un mauvais signal pour l’Europe
Paris, le 20 Mai 2023 – Lors de la présentation de son plan pour la réindustrialisation de la France, Emmanuel Macron a appelé à faire « une pause réglementaire européenne » de 5 ans pour ne pas fragiliser les acteurs industriels face à la concurrence de la Chine ou des États-Unis.
Emmanuel Macron a souligné l’importance de commencer par mettre en œuvre les normes déjà décidées avant de créer de nouvelles règles. Pour le Président français, l’Union européenne est déjà le territoire qui a les normes les plus ambitieuses en termes de lutte contre le changement climatique et il faut s’assurer de ne pas pénaliser de manière excessive les industriels européens pour pouvoir continuer à produire en Europe.
Opposer économie et écologie est une grave erreur d’analyse
Cet appel du président français a suscité l’inquiétude de Volt Europa ainsi que de nombreuses ONG et spécialistes du climat. Il intervient après d’autres propos tout aussi déroutants, comme ce passage de ses vœux aux Français pour 2023 au cours desquels il s’est demandé « qui aurait pu prédire la crise climatique aux effets spectaculaires encore cet été dans notre pays? »
Cette position ne peut que donner des arguments à ceux qui souhaitent limiter l’ambition environnementale de l’Union européenne, comme le PPE qui exige un moratoire sur les normes européennes, notamment dans le domaine agricole. On attendait mieux du Président de la “Renaissance européenne” et du “Make our planet great again” qu’un alignement sur ces positions.
En effet, nous sommes encore loin de remplir les objectifs des Accords de Paris et envisager un ralentissement de l’action pour prévenir le changement climatique n’est tout simplement pas responsable. L’UE doit rester à l’avant-garde en matière environnementale et ne peut pas se permettre de céder à la facilité en réduisant son ambition. De plus, le signal politique donné par une “pause réglementaire” serait désastreux sur les acteurs économiques : les industriels ont besoin d’une action politique lisible, avec des objectifs clairement affichés et une mise en œuvre législative déterminée. Il faut au contraire que la transition vers une économie climatiquement neutre soit bien perçue comme un horizon incontournable qui mobilise toutes les parties prenantes.
Accentuer notre ambition climatique est indispensable pour l’environnement et pour notre industrie
Volt Europa appelle à intensifier l’ambition européenne en matière de climat. Les objectifs de réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990 décidés dans le cadre du Green Deal européen ne sont pas suffisants si nous voulons respecter les accords de Paris. Pour Volt Europa, il est crucial de mettre en œuvre une baisse de 80 % de nos émissions dès 2030 et d’atteindre la neutralité carbone en 2040 pour accélérer l’effort global de lutte contre le changement climatique. Cette ambition implique l’adoption de toutes les normes européennes nécessaires pour garantir l’effectivité de cette réduction.
Nous rappelons également que les leaders économiques globaux de demain ne pourront qu’être des entreprises qui ont intégré la contrainte climatique et qui ont réalisé une transition efficace vers des modes de production plus soutenables. Il est essentiel d’accompagner les acteurs pour qu’ils intègrent le plus rapidement possible ces nouvelles contraintes.
Dans l’intervalle, il est important de protéger notre industrie de la concurrence d’autres puissances mais cela ne doit pas se faire au détriment de l’exigence climatique. C’est pour cette raison que Volt Europa propose de réformer le marché carbone européen en introduisant un mécanisme d’ajustement aux frontières pour que les productions venant de pays tiers ne bénéficient pas d’un avantage injuste par rapport à celles d’entreprises européennes. Les mesures adoptées en la matière fin avril par le Parlement et le Conseil sont un pas dans la bonne direction mais il reste beaucoup de progrès à faire pour répondre au défi climatique. Ce n’est décidément pas le moment de faire une pause.