À 65 ans, il est temps que la Ve République prenne sa retraite
Le 04 octobre, la constitution de la Vème République aura 65 ans et elle égalera le record de longévité de la IIIème République (1875-1940), avant de devenir la doyenne des constitutions de notre histoire. Mais alors que l’âge légal de départ à la retraite des Français.es vient d’être repoussé par le gouvernement, est-il bien raisonnable de laisser cette constitution dépasser les 65 ans ?
Une constitution qui date de l’époque où la télé était en noir et blanc
Le 4 octobre 1958 était promulguée la constitution de la 5e République, un temps qui nous paraît une éternité désormais, une époque où la TV était encore largement en noir et blanc, d'ailleurs elle était contrôlée par l'État et la France dirigeait encore un empire colonial en prétendant que l'Algérie par exemple faisait partie intégrante de son territoire. Les femmes n'avaient pas encore le droit d'ouvrir un compte en banque seules.
Heureusement les temps ont changé, la décolonisation s’est poursuivie (même si son héritage reste pesant), l'égalité entre les genres a fait des pas de géants (même s'il y a beaucoup à améliorer), et Internet a bouleversé les médias. Surtout, le mur de Berlin est tombé, l'Union européenne a été créée, s'est approfondie et agrandie. Comme l'avait dit en son temps un ancien président français la France reste peut-être notre patrie mais l'Europe est déjà notre quotidien et très clairement notre avenir.
Bien que modifiée et couturée 24 fois depuis 1958, notre constitution reste celle de la 5e République. La stabilité du cadre institutionnel pourrait être une qualité si ce n'est que le moteur, à force de trop reposer sur le pouvoir exécutif et surtout sa fonction présidentielle, commence quand même à donner des signes de faiblesse. Le récit national a aussi tendance à tourner en rond, que cela soit reflété par les propos de plus en plus rances qui nous viennent des extrêmes, ou par les multiples polémiques qui peuvent s'attacher à des choses aussi banales que le spectacle d'ouverture de la Coupe du monde de rugby.
Pour une République fédérative européenne
Peut-être que pour redonner de l'air aussi à ce fameux récit national, il faudrait oser ouvrir grand les portes et les fenêtres et regarder réellement où nous vivons, qui sont nos voisins, et avec qui nous pouvons aujourd'hui construire une nouvelle République, réellement ouverte sur le monde moderne, démocratique et exigeante sur les plans sociaux et environnementaux.
Cette République, c'est la République fédérative européenne.
C’est seulement dans ce cadre que nous pourrons construire un chemin qui concilie l’efficacité de l’action en faveur du climat et la qualité de la délibération démocratique et citoyenne sans laquelle aucune politique écologique ne peut pleinement aboutir.
C’est seulement dans ce cadre que les libertés locales pourront pleinement s’épanouir, en sortant de notre paradigme français si centralisateur et en fixant le niveau d’action à l’échelon le plus près possible des citoyen.nes : sur le plan local ou régional pour toutes les compétences qui peuvent être exercées à ce niveau, aux niveaux national ou européen pour toutes celles qui appellent une action plus globale.
C’est seulement dans ce cadre que nous préserverons l’Etat de droit face aux menaces multiples qui le fragilisent. Qu’il s’agisse des dérives illibérales constatées en Hongrie ou en Pologne, des ingérences étrangères provenant de Russie ou de Chine dans notre vie démocratique ou encore du rôle trouble des géants du numériques dans le débat public, seule une Europe fédérale aux capacités renforcées peut apporter une réponse permettant de garantir la pérennité de notre modèle démocratique.
Combien de générations ont eu la chance de pouvoir participer à la création d'une nouvelle démocratie? Nous avons cette chance là, saisissons-la ! Accordons à la Ve République une retraite bien méritée et vive la République fédérale européenne, dont la France sera une des entités fédérées fondatrices !